mercredi 8 avril 2009

Bonjour Gentillesse !


Un matin direction le travail. Mon chéri m’annonce qu’à la page 14 de Libération, il y a un article capital sur le sujet documentaire que je prépare.
Je file donc au premier kiosque à journaux et au moment de payer… Je me rends compte que je n’ai que 60 centimes.

« - Et bien, ce sera pour une autre fois Libération. Je suis trop pauvre là !

- C’est pas grave. Vous me paierez demain.- Pardon ?

- C’est pas grave, vous me paierez demain.- Si vous voulez, je repasse à l’heure du déjeuner, car là je vais au travail, je suis en retard…

- Ne vous compliquez pas la vie, vous me paierez demain… »
Devant mon étonnement doublé d’émerveillement, le vendeur de journaux a alors haussé les épaules avec un petit sourire de rien du tout “Ben, non, c’est normal quoi !”

Et bien, non ce n’est pas normal. C’est rare, exceptionnel et… troublant !

Souvent d’ailleurs quand je finis un magazine dans le métro ou dans le train, je le propose à ma voisine pour peu qu’elle ait l’air de s’ennuyer. Autant faire tourner, plutôt que jeter. La plupart du temps, elles sont tellement surprises qu’elles l’enfournent d’un geste rapide dans leur sac sans dire merci… Des fois que je change d’avis.

En fait, la gentillesse n’est pas naturelle. Tout au moins, elle ne l’est plus. Selon un article paru dans The Guardian, les années Thatcher et Reagan ont dézingué les valeurs de solidarité dans notre société. D’ailleurs, qualifiez quelqu’un de gentil et les autres s’empresseront de traduire gentil par niais…


Par katia chapoutier

dimanche 5 avril 2009

Huit nouveaux petits anges nommés Joëlle, Marc-Ange, Louis-Philippe, Olivier, Anne-Sophie, Jérôme, Sabrina et Amanda !


Protéger de jeunes vies


Huit enfants de 3 à 12 ans ont perdu la vie depuis le début de l'année au Québec. Non pas à cause d'une maladie incurable ou d'un accident fatal, mais bien parce qu'un de leurs parents a décidé de mettre fin à leur courte existence dans un moment de détresse ou de rage.


Faudrait-il que les médias passent sous silence de tels drames familiaux? Non. En parler peut contribuer à protéger des vies. Pour tenter tenter d'expliquer et peut-être prévenir des actes meurtriers au sein des familles.


Qu'un père ou une mère tue son enfant, les gens sont bouleversés, même s'ils n'ont aucun lien avec la famille brisée. C'est l'incompréhension totale. Comment cela est-il possible? Comment une personne peut-elle éliminer de ses mains la vie qu'elle a elle-même engendrée? Et quel sera l'avenir de ceux qui restent, privés à jamais d'une partie d'eux-mêmes?


Ces tragédies familiales suscitent des inquiétudes et des intro-spections. Est-ce que je pourrais moi-même un jour commettre un acte meurtrier à l'égard d'êtres aimés? Comment éviter de sombrer dans la folie qui fait croire que la mort est ce qui peut arriver de mieux à des enfants pleins de vie? Où et auprès de qui peut-on trouver de l'aide si on s'enfonce dans une séparation douloureuse ou si sa santé mentale devient de plus en plus précaire?


Les meurtres commis par des parents interpellent les proches, mais aussi les services publics. Les personnes qui ont du mal à vivre une rupture reçoivent-ils le soutien voulu des services de médiation familiale? Le personnel médical est-il suffisamment vigilant à l'égard des individus souffrant de troubles mentaux qui ont la garde d'enfants? Les services de santé sont-ils adaptés pour répondre aux besoins des hommes en détresse? Sommes-nous attentifs à la souffrance et au désespoir de notre entourage?


Si nous nous posons toutes ces questions, c'est parce que nous avons été informés du destin tragique de Joëlle, de Marc-Ange, de Louis-Philippe, d'Olivier, d'Anne-Sophie, de Jérôme, de Sabrina et d'Amanda, et de la détresse qui a poussé leurs parents à commettre l'irréparable. Si nous cherchons des réponses, c'est pour éviter de tristes répétitions.


Brigitte Breton

Une manifestation contre la brutalité policière… Vraiment ?


Mais là, va falloir qu’il y en ait un qui m'explique, où est la logique de dénoncer la brutalité policière, en lançant des boules de billard, des briques, des pommes et à peu près tout ce qui peut se lancer. On rajoute des pare-brises de voitures d'honnêtes citoyens et des vitrines de commerçants en éclat. Et vlan, à la manifestation, comme dirait les Cowboys Fringants.

Excusez la comparaison un peu boiteuse, mais c'est un peu comme si je dénonce la malbouffe en m'enivrant joyeusement de Big Mac. Je me mets à la place d'un policier. Je reçois trois tomates, une brique, une balle de golf, et tient donc, une autre brique. Moi aussi je vais avoir le goût d'y aller d'un « tassez vous de d'là » en direction d'une masse peu courageuse. Pourquoi peu courageuse ?

J'ai très peu d'estime pour des gens, qui profitent d'un phénomène de masse pour se défouler, lorsque les chances de sévères réprimandes sont quasi nulles. Mais bon, ils ont ensuite la chance d'étaler leurs faits d'armes avec leur groupe d'amis aussi simple d'esprit qu'eux. Il faut bien comprendre que je n'en ai pas contre la manifestation. Au contraire, elle laisse la chance aux citoyens de s'exprimer. J'en ai contre que le gars qui a les cheveux quatre pieds de haut avec des bottines y allant jusqu'à la mi-cuisse n'étant pas capable de dire trois mots sans blasphémer sur les ondes publiques.


Par Daniel Richard

La patience, force ou faiblesse ?



Face aux petites et grandes difficultés de la vie, il nous arrive de perdre patience. Pourtant, l’exaspération n’améliore pas vraiment les choses. Dans bien des situations, la patience est une force qui nous permet de mieux vivre. Mais elle a ses limites, au-delà desquelles elle devient de la faiblesse, de l’apathie, du renoncement stérile. Comment bien la gérer ?
Devons-nous toujours prendre notre mal en patience ? Peut-être pas. Car si cette qualité a des forces, elle possède aussi des faiblesses.

La patience ne nous est pas naturelle ; le tout petit enfant est par nature impatient. Il lui faut tout, tout de suite et ses parents devront faire preuve de beaucoup de constance et d’habileté pour lui apprendre à accepter d’attendre pour obtenir ce qu’il veut.
Coincés dans un embouteillage, une file d’attente interminable, confrontés à l’agressivité de l’entourage ou à un problème grave, il ne nous est pas facile de prendre patience et de garder notre calme. Cela réclame un effort sur soi, un effort d’autant plus grand que notre mode de vie sera précipité.

Comment être patient dans un monde pressé ?
La patience est une force capable de "déplacer des montagnes", mais, à un certain degré d’excès, elle peut devenir un véritable facteur d’inertie. Lorsqu’elle conduit, par exemple, un individu ou un peuple opprimés à ne plus oser espérer que leur destin puisse évoluer.
Sans un minimum de patience, la vie devient intolérable et nous n’obtenons rien d’important. Mais, pour rester une force, la patience doit être habitée d’un espoir, d’une promesse en un futur meilleur. Patience et impatience ne sont dommageables que dans leurs excès. Elles nous sont toutes deux indispensables, la première pour nous aider à ne pas nous laisser démonter par les difficultés, la seconde pour nous pousser à nous défendre face aux situations qui nous sont nuisibles.
Dominique Pir

Le respect commençe à la maison, non ?





Étienne, 15 ans, est parfois impoli ou sarcastique avec sa mère.

Par exemple, il peut lever les yeux au ciel lorsqu'elle lui donne un conseil qu'elle lui a déjà répété par le passé. Il peut lui répondre : «Ben là, pourquoi?» lorsqu'elle refuse une de ses demandes déraisonnables. Cela ne lui arrive pas très souvent et lorsqu'il le fait, il le regrette peu de temps après.


Lorsque Étienne se montre un peu impoli, sa mère continue son intervention en restant rationnelle, sans entrer dans une lutte de pouvoir avec lui. Elle ne lui dit pas : «Sois poli jeune homme ou tu seras privé de sortie». S'il lève les yeux au ciel, elle continue de donner son conseil sans le harceler trop longtemps. S'il lui répond «pourquoi?» lorsqu'elle vient de lui imposer une limite, elle lui dit qu'elle comprend que cette limite puisse le frustrer et elle lui fait part de ses arguments.


Puis, lorsqu'elle remarque qu'il est particulièrement de bonne humeur et ouvert à la discussion, elle souligne qu'elle aime son attitude. C'est souvent à ce moment qu'Étienne s'excuse pour les occasions où il a été impoli ou impatient avec elle. C'est dans ces moments que sa mère se félicite d'être patiente avec lui et de tolérer ses petites sautes d'humeur d'adolescent sans mettre de l'huile sur le feu. Elle se dit alors qu'au fond, son fils la respecte et qu'en prenant de la maturité, ses petits signes d'impatience s'estomperont.


Pour les parents, il est parfois difficile d'accepter que les adolescents «fassent de l'attitude» : les yeux au ciel, les «bla-bla-bla», les réponses sèches, les argumentations... Il ne faut pas nécessairement percevoir ces comportements comme un pur manque de respect, mais plutôt comme un signe que notre enfant a besoin d'exprimer qu'il est différent de sa famille et qu'il devient plus indépendant. En fait, nombreux sont les ados qui respectent leurs parents et qui les admirent secrètement, même chez ceux qui ont ces comportements un peu impolis.


Dans d'autres foyers, c'est plus compliqué. Certains parents réagissent fortement lorsque leur ado se met à manifester ces signes. Ils peuvent leur répondre tout aussi sèchement, se mettre à crier des noms, à les menacer de punitions extrêmes, ce qui amène la relation parent-ado à se détériorer. Ce qui pousse l'ado à croire que finalement, il avait raison : son parent n'est pas si respectable que ça!


En effet, pour s'assurer d'un minimum de respect de la part de son ado, il faut d'abord et avant tout le respecter! Et ce, dès la petite enfance. Cela ne veut pas dire de le laisser faire tout ce qu'il veut sans l'encadrer. Cela veut tout simplement dire de le traiter comme une personne à part entière et de l'encadrer d'une manière bienveillante plutôt que d'une manière écrasante.


Concrètement, une telle attitude respectueuse chez un parent peut se traduire par les exemples suivants :
- Ne pas banaliser les peurs ou les problèmes des enfants.
- Ne pas infantiliser son ado en lui parlant en bébé.
- Faire des critiques constructives en nommant le comportement indésirable plutôt qu'en accusant la personne (ex. : «quand tes souliers traînent dans l'entrée...», plutôt que «grand paresseux, tu ne te ramasses jamais...»).
- S'excuser et reconnaître nos erreurs devant nos enfants (ex. : «Hier soir, je ne t'ai pas écouté quand tu avais envie de me parler, je m'en excuse et je ferai attention la prochaine fois»).
- Quand l'enfant grandit, lui expliquer le rationnel derrière les limites qu'on lui impose, lui dire à quel âge il aura telle ou telle permission au lieu de simplement lui dire non.
- Reconnaître que nos limites peuvent parfois être frustrantes.
- Ne pas répondre aux méchancetés de l'ado par d'autres méchancetés. Cela équivaudrait à mordre votre bambin après qu'il vous a mordu : si vous faites cela, vous vous comportez comme un copain de son âge, pas comme un parent.
Bref, ne sous-estimez pas le pouvoir de l'apprentissage par l'exemple, par modèle. Le respect attire le respect!


Dre Nadia Gagnier, psychologueLe Soleil

jeudi 2 avril 2009

Les visages de la fugue ou pour mieux comprendre le geste de David


La disparition non résolue du jeune David Fortin a braqué les projecteurs sur les fugues d'adolescents.

Bon an, mal an, on recense autour de 5000 fugues au Québec. La majorité sont très courtes: après 24 heures de révolte, le jeune rentre chez lui. Cependant, d'autres s'évanouissent carrément dans la nature: la répression policière et l'émergence des gangs de rue ont fait en sorte que les fugueurs disparaissent de plus en plus de l'espace public.


Il y a un an et demi, Jean Larivée a reçu un appel de son ex-femme. Leur fils de 15 ans avait quitté le domicile de sa mère. Il avait laissé une note. «Je pars. N'appelle pas la police.» Les parents, paniqués, ont immédiatement composé le 911. La police a retrouvé Mathieu quelques jours plus tard dans une autre ville.

Jean Larivée avait pourtant tout fait pour protéger son fils à l'adolescence. Il a payé des tuteurs privés pour l'aider à l'école. Il a déménagé dans une banlieue cossue. «Je voulais m'assurer d'être le plus loin possible des éléments du centre-ville de Montréal.»


Mais la révolte de l'adolescence précisément poussé Mathieu chez les jeunes de la rue, pour qui son père manifestait le plus grand mépris. Après sa fugue initiale, Mathieu est reparti. Il a vécu dehors tout un été. Il a été squeegee, il a mendié pour manger, a pris de la drogue.


Des jeunes comme Mathieu, qui fuient une famille sans histoire, représentent la majorité des 5163 cas de fugue recensés au Québec en 2007. Ces fugues sont généralement très courtes : les deux tiers se règlent en moins de 24 heures. Rapidement, les jeunes se heurtent à la dure réalité de la rue et retournent chez eux.


Qu'attends-tu David, alors, pour revenir ?


La Presse

Nombrils et Burquette : Du bitchage à l'horizon ?


Deux styles de bandes dessinées complètement différents mais des auteurs tout aussi passionnés.
Maryse Dubuc et Marc Delafontaine, co-auteurs de la série Les Nombrils, mettent en scène deux adolescentes au «look» sexy, Vicky et Jenny, qui multiplient sadiquement les méchancetés à l’endroit de Karine, leur bouc émissaire. Adolescente maigre et dégingandée, Karine possède toutefois beaucoup plus de profondeur que ses deux acolytes, qui lui en font voir de toutes les couleurs.

Les victimes du «bitchage» entre filles au secondaire ou dans les collèges privés, tout comme leurs «bourreaux» se reconnaîtront peut-être à travers l’un ou l’autre des trois personnages principaux des Nombrils. Fait anecdotique: Maryse Dubuc a elle-même fréquenté le collège privé pour filles François Delaplace, près de Sherbrooke.

Les coups bas dont est victime le personnage de Karine démontrent… un certain souci d’originalité. C’est le cas lorsque Karine, à la Saint-Valentin, reçoit un valentin de Dan, le gars qu’elle convoite. Jenny et Vicky, en bonnes fautrices de troubles, s’empressent de faire avorter sa sortie avec Dan en inventant que le valentin reçu… n’en est pas un et qu’il s’agit plutôt d’une publicité pour un restaurant sous forme de valentin. Savoureux!

Souvenirs d’adolescence
«On se replonge dans nos souvenirs, pas pour les événements en tant que tels mais plus pour les émotions, les angoisses, les malaises de l’adolescence».

Leur lectorat est majoritairement constitué de filles, ce qui est remarquable. «Il y a une majorité de filles, ce qui est étonnant parce qu’en bande dessinée, souvent, le lectorat est plus masculin» souligne Maryse Dubuc.
Le ton utilisé pousse aussi le lecteur à tourner en dérision des situations qui pourraient être beaucoup moins supportables sinon. «On essaie de partir d’émotions vraies, même si certaines sont très dures. On veut pousser plus loin pour arriver à rire de situations qui pourraient faire pleurer», explique Maryse Dubuc.

Burquette: un registre différent
Burquette raconte l’histoire d’une adolescente d’environ 14 ans dont le père, aspirant au titre de grand intellectuel, voudrait voir adopter une conduite plus… sobre. «Il est découragé par sa fille qui écoute Britney Spears et se maquille», explique Francis Desharnais, bédéiste. Aussi tente-t-il de lui imposer son autorité par tous les moyens, dont le port d’une «burka», d’où le titre de la bande dessinée.
«J’ai essayé d’adopter un traitement plus léger pour un sujet qui est quand même assez lourd. La réponse du public actuellement est très positive; pour un premier album, c’est rare qu’on a autant d’attention» ajoute l’auteur, qui, dans la vie, fait de l’animation 2-D.
Ses thèmes? «La tolérance et les relations entre un père et sa fille» explique celui qui s’est lui aussi rendu à Angoulême (France) l’an dernier, après avoir remporté un concours de bande dessinée organisé par l’Organisme franco-québécois pour la jeunesse. Lui aussi sera présent au Festival de la bande dessinée francophone.